Les prix sont ce qu’ils sont, mais comment se démarquer ? Article 2/4 : de la médiocrité du marché de référence

Dans le cadre de cette série de quatre articles traitant des tarifs appliqués dans l’univers de la traduction, celui-ci en constituant le deuxième volet, nous allons passer en revue plusieurs concepts fondamentaux visant à en appréhender le marché, à découvrir les mécanismes intrinsèques à la tarification et, enfin, à déterminer les actions à mettre en œuvre en vue de passer au palier supérieur de ce marché. Le quatrième article portera quant à lui sur les points que les clients doivent prendre en compte pour dénicher la perle rare, à un tarif juste pour tous. Suivez-nous dans ce voyage inédit dans les coulisses de la traduction.

Mais comment le marché global de la traduction « fixe-t-il » les tarifs ? quels éléments sont pris en compte ? et que nous disent ces tarifs sur la valeur accordée aux traducteurs ? Autant de questions qui brûlent de nombreuses lèvres mais qui, faute de porte-parole et potentiellement de remise en question, ne trouvent que rarement réponse. Le constat est pourtant sans équivoque : compte tenu de son bagage universitaire (bac+5, rappelons-le), du risque qu’il prend (son activité n’est nullement garantie) et de la flexibilité dont il doit faire preuve, le traducteur lambda est bien mal rémunéré (et donc perçu) en regard d’autres professions aux « conditions similaires » (un architecte ou encore un ostéopathe, par exemple).

Le marché est dominé par des agences de grande ampleur, qui jouent le rôle d’intermédiaires entre les clients finaux et les traducteurs. De cette domination est née une guerre entre mastodontes : c’est à l’agence qui aura le plus de clients, qui fera traduire le plus de mots, au prix bien souvent de concessions touchant directement la rémunération des traducteurs, mais aussi leurs conditions de travail.

Nous l’avons vu dans l’article précédent, les tarifs (agence>traducteur) du principal marché oscillent entre 0,06 et 0,08 € le mot source, et le tarif horaire n’est guère plus reluisant. D’un côté, des traducteurs mécontents, donc. Mais d’un autre, des clients aux besoins souvent insatisfaits, dont les traductions livrées doivent [souvent] passer par un important processus de révision interne afin d’être acceptables. Lassés, mais aussi jouant de leur importance relative pour faire pression (un sou est un sou), les clients finaux menacent l’agence d’aller voir la concurrence (à un prix inférieur, bien entendu). Ils passent alors d’agence en agence, sans jamais être pleinement satisfaits de la prestation, et le prix qui leur est facturé diminue au fil de ces mutations.

Mais comment en sommes-nous arrivés là ? La réponse est sans équivoque : les tarifs sont bien trop bas pour intéresser les traducteurs spécialisés (formés dans leur domaine d’expertise) et expérimentés. Comme le dit le dicton anglais : If you pay peanuts, you’ll get monkeys. Et c’est exactement ça : à tarif médiocre, prestation médiocre.

Ce marché dit de milieu de gamme, le plus imposant, ne devrait nullement faire office de référence en matière de tarification, d’autant plus lorsqu’il s’agit de textes relevant de domaines de spécialité comme le financier, le juridique ou encore le médical. Prendre pour référence un marché aux tarifs pour généralistes débutants afin de fixer les tarifs du marché de la traduction dans son ensemble, c’est un peu comme s’attendre à une explosion de saveurs en cueillant des fruits immatures sur un arbre encore non greffé : ça n’a aucun goût ni aucun sens. Dans le troisième volet de cette série, nous verrons ce que les traducteurs peuvent mettre en œuvre afin d’atteindre le palier supérieur, ce par ricochet dans l’optique qu’un marché de meilleure qualité puisse servir de référence à l’établissement des tarifs généralement observés.

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